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-------------------------------------------"Peut-on encore défendre les animaux?", "Cessons de diaboliser le loup!", "La défense des bergers et de leur cheptel, que la réintroduction du loup ne menace que marginalement, ne doit pas faire oublier les dégâts causés par le pastoralisme moderne", "", "Collectif", "", "UN COURANT DE L'OPINION MILITE POUR VOIR ÉVOLUER LE STATUT JURIDIQUE DE L'ANIMAL ET QUE SOIT RECONNUE SA CONDITION D'ÊTRE SENSIBLE. UNE REVENDICATION QUI QUESTIONNE LA DOMESTICATION DE LA NATURE PAR L'HOMME ET SES EFFETS", 
"", "Rien ne va plus pour les loups, revenus naturellement en France en 1992. Soixante-dix ans après avoir été éradiqués d'un territoire qu'ils habitent depuis des centaines de milliers d'années, ils redeviennent chaque jour un peu plus des cibles. Tel syndicaliste paysan offre 1 000 euros de prime pour la peau d'un animal, tel maire de village promet 2 000 euros pour la capture d'un individu. Même les spécialistes s'y mettent! Les voilà qui mettent l'accent sur la sauvegarde des éleveurs dont la profession serait mise en danger par les attaques du loup sur le cheptel domestique. Selon eux, la fin des bergers signe celle des paysages montagnards diversifiés traditionnels.", 
"", "Mais la nature domestiquée est-elle l'idéal de la biodiversité? Les éleveurs « passionnés, inspirés par le respect du vivant » sont opposés de manière naïve à la situation « intenable » créée par le loup, mal suprême qui conduirait à la désertification d'un « patrimoine sinistré » . On oublie en route, très opportunément, les impacts négatifs occasionnés par le pastoralisme, dont les pratiques ont bien changé. En moyenne, les troupeaux sont passés de 200 brebis au milieu du XXe siècle à plus de 500, voire 1 000 à 3 000 de nos jours. Combien de plantes et d'insectes typiques des espaces ouverts traditionnels ont été détruits sous l'assaut de tels troupeaux, par surpâturage, piétinement ou élimination par une végétation poussant sur des déjections contaminées par des médicaments?", 
"", "Perte en diversité", "", "Que dire aussi de la perte en diversité des insectes pollinisateurs et autres invertébrés, des criquets aux sauterelles, qui en dépendent pour se nourrir et se reproduire, et des maladies (brucellose, kératoconjonctivite, piétin) transmises par les concentrations excessives d'ovins à la faune sauvage de chamois et bouquetins? Rappelons au passage que les problèmes des éleveurs datent d'avant l'arrivée du loup... Ils résultent plutôt de la forte concurrence internationale et de la baisse de consommation de viande ovine en France.", 
"", "On pourrait ajouter bien d'autres facteurs négatifs créés par la profession des bergers actuels : pollution et compaction des zones humides, perte de cohésion des sols de pente, dominance d'espèces végétales nitrophiles, constatés jusqu'au coeur des parcs nationaux. Quant aux fameux paysages agropastoraux des Cévennes, ils se banalisent et s'artificialisent, sous les pressions conjointes de l'intensification, du tourisme, de la chasse et d'une surexploitation des eaux jusque dans la zone centrale, sans que le loup y soit pour quelque chose.", 
"", "Enfin, le principal facteur de banalisation du paysage et de disparition des terres agricoles en France est très nettement l'urbanisation : déjà 7 millions d'hectares disparus sous le béton en cinquante ans, dont 900 000 hectares de prairies entre 1992 et 2003.", "", "Au passage, un mot sur la forêt, si souvent tenue pour une fermeture du paysage, voire une régression. On peut se demander sur quels critères on devrait opposer la qualité, la diversité et le dynamisme des paysages créés par des siècles de pratiques paysannes et les boisements spontanés, si fort accueillants pour la faune. Quant aux forêts matures qui leur succéderont un jour, comment peut-on encore passer sous silence leur immense valeur écologique? On tente donc une nouvelle fois de diaboliser le loup, au moment où il se réinstalle durablement en France. Les loups ne sont que 300 à 350 dans une vingtaine de départements, ce qui est peu au regard des densités des deux derniers siècles : 6 500 animaux estimés au XVIIIe siècle. Pourquoi la France ne pourrait-elle pas héberger quelques centaines de loups quand nos voisins, l'Espagne et l'Italie, en tolèrent chacun 4 à 8 fois plus, sans avoir pour autant sacrifié le pastoralisme?", 
"", "Certes, le loup mange - aussi - des brebis. Mais faut-il croire ceux qui pensent qu'il négligerait ses fonctions de régulateur d'animaux sauvages pour s'attaquer aux proies domestiques saines? Grâce aux centaines de publications parues sur l'espèce ces dernières décennies, on sait que le loup attaque autant les uns que les autres, en fonction du nombre d'individus dans la meute et des capacités alimentaires locales, entre autres. En fait, les meutes structurées ont tendance à se nourrir de proies sauvages, alors qu'après les tirs dits de régulation qui se multiplient les rescapés jeunes et isolés se rabattent sur les moutons.", 
"", "Dans tous les cas, le loup bénéficie pour son expansion du retour des grands ongulés sauvages - chevreuils, chamois, sangliers - bien plus que du cheptel domestique. En effet, les près de 6 000 ovins consommés par les loups chaque année ne sauraient suffire à nourrir une population dont les besoins alimentaires journaliers sont estimés à 2 à 6 kg de viande en moyenne. Quant aux pertes de cheptel - les attaques par les chiens errants, plus nombreuses, ne sont que très peu prises en compte -, elles doivent être comparées aux 750 000 morts dans les troupeaux par accident ou mort naturelle constatées chaque année.", 
"", "Au total, nous affirmons, après bien d'autres, que le loup joue un rôle essentiel dans certains processus-clés des écosystèmes, de la régulation des herbivores au rôle de pourvoyeur de carcasses pour les petits carnivores. Situé au sommet des réseaux trophiques avec le lynx, le loup détient la palme des effets en cascade positifs sur la biodiversité. Et cela en Europe comme en Amérique.", "", "Dernier point, fortement polémique, mais inévitable : « grâce » au loup, le revenu de certains éleveurs de moyenne montagne peut doubler. Les aides à la prévention, les dispositifs de protection financés par le ministère de l'agriculture et l'Europe, et bien sûr les indemnisations du bétail tué par les loups mobilisent une part conséquente du budget national : autour de 10 millions d'euros par année.", 
"", "Peut-on sérieusement croire qu'un grand pays comme la France est incapable de trouver une solution? C'est une question de volonté, mais une grande partie du monde agricole refuse hélas toute discussion. C'est d'autant plus dommage que le retour du loup pourrait signifier, partout, celui du berger. Accepter la présence d'un animal comme le loup serait un symbole d'espoir pour ce XXIe siècle si préoccupant. Nous souhaitons vivement une approche responsable et éthique, loin des démagogies coutumières.", 
"", "Note(s) :", "", "Allain Bougrain-Dubourg est président de la Ligue pour la protection des oiseaux Pierre Athanaze est naturaliste, membre de la revue « Forêts sauvages » ,président de l'Aspas Jean-Claude Génot est écologue, rédacteur en chef de la lettre « Naturalité » Vincent Munier est photographe Fabrice Nicolino est journaliste Yves Paccalet est philosophe, naturaliste Annik Schnitzler est professeur d'écologie à l'université de Lorraine")
-------------------------------------------"A Grenoble, le loup tueur de brebis piégé par l'ADN", "", "", "Plus aucun doute n'est permis. Le loup est de retour. C'est bien lui qui, cet été, a rendu chèvres les bergers (Le Monde du 15 septembre). Après un passage en Maurienne, sa présence lors de différentes attaques de troupeaux, dans le massif de Belledonne et dans l'Oisans, vient d'être confirmée grâce aux analyses génétiques conduites par des chercheurs de Grenoble. L'animal a été démasqué par quelques crottes et poils laissés sur le lieu de ses forfaits. Trahi par son ADN.", 
"", "Spécialisé dans la génétique moléculaire des espèces sauvages (animales ou végétales), le laboratoire de biologie des populations d'altitude de Grenoble (unité mixte de recherche, université Joseph-Fourier/CNRS) est le seul du genre en France. Il n'existe que dix laboratoires similaires dans le monde.", "", "La méthode qui y est mise en oeuvre n'est pas très éloignée de celle développée pour confondre les criminels. Pour l'animal, la difficulté tient toutefois au fait que celui-ci ne peut pas être capturé pour prélever du tissu vivant dont pourrait être extrait l'ADN nécessaire à l'étude. Le travail s'effectue donc à partir d'échantillons, tels que des poils ou des excréments, récoltés sur les lieux d'attaques par des gardes assermentés et des bergers.", 
"", "De ces échantillons sont extraites des cellules (à la base du bulbe pour le poil, et intestinales pour les excréments), à partir desquelles, après amplification, les séquences d'ADN permettent de définir les caractéristiques génétiques de l'animal. Celles-ci sont ensuite comparées avec la \"carte d'identité\" d'autres espèces connues. Dans le cadre de l'analyse des élements recueillis en Isère, la comparaison a été effectuée entre des chiens et des loups en provenance d'autres régions d'Europe. L'équipe grenobloise avait déjà expérimenté cette méthode sur l'ours des Pyrénées.", 
"", "Selon les chercheurs, le loup permet d'obtenir des résultats plus fiables. L'équipe grenobloise a pu conclure que les échantillons prélevés dans le Dauphiné proviennent de loups de la lignée du Mercantour, c'est-à-dire venus des Abruzzes. \"Si l'on était en Europe de l'Est ou en Amérique du Nord, où les loups s'hybrident avec des chiens, les résultats seraient moins sûrs. Mais, s'agissant de cette lignée précise, on atteint un risque d'erreur quasi nul\", assure Pierre Taberlet, responsable scientifique de l'expertise.", 
"", "IDENTIFICATION D'ESPÈCE", "", "L'identification génétique ainsi obtenue ne correspond toutefois qu'à celle de l'espèce, et non à celle de l'individu. Actuellement, on ignore toujours si les déprédations commises dans les massifs de Belledonne et de l'Oisans sont imputables à un ou plusieurs loups. Non que les scientifiques ne soient pas capables de répondre. Une étude pilote a montré que, techniquement, une telle identification était réalisable. Mais il faut se fonder non plus sur l'ADN mitochondrial, qui n'est transmis que par les femelles et ne permet donc qu'une identification de l'espèce, mais sur celui du noyau des cellules, où les génomes maternel et paternel sont brassés, ce qui permet une identification individuelle. \"Pour développer ce travail, il nous faudrait au moins six mois de recherche pure\", prévient Pierre Taberlet. Le laboratoire n'en a actuellement pas les moyens financiers. Son directeur, Jean Bouvet, a sollicité le ministère de l'environnement, sans succès pour l'instant.", 
"", "\"En finançant, dès 1991, l'étude sur les ours des Pyrénées, l'Etat nous a permis de rendre possibles des études génétiques qui ne l'étaient pas auparavant, et de mettre au point une méthode scientifique susceptible de trouver des applications dans la sauvegarde d'autres espèces sauvages\", explique Pierre Taberlet. Sans ces recherches, on en serait encore à se demander si le loup est bien passé en Isère. Mais, s'il a accepté de réaliser cette expertise pour \"ne pas se montrer ingrat\", le chercheur grenoblois ne tient pas à renouveler trop souvent l'expérience.", 
"", "La recherche sur l'identification des individus permettrait à l'équipe grenobloise de développer une réflexion scientifique sur la recolonisation des loups. Mais \"savoir s'il y a deux ou trois loups ici ou là ne nous intéresse pas, prévient Pierre Taberlet, pour qui les expertises de ce type devraient plutôt être confiées à un \"laboratoire d'application\".")
-------------------------------------------"\" Montagne des Pyrénées \". le chien des bergers Fort et courageux, il défend avec efficacité les troupeaux contre le loup au Mercantour", "«-C'est le chien le plus merveilleux qui soit-». Avec un tel préambule. Il est facile de savoir ce que pense Henri Fim du \"Montagne des", "Pyrénées\"", "Une espèce encore peu commune dans notre région, mais qui gagne vite en notoriété Surtout chez les professionnels de l'élevage ovin.", "Pensez donc, il a la (bonne) réputation de tenir tête au loup du Mercantour, et de protéger fort consciencieusement les troupeaux qui sont", 
"sous sa garde.", "Le berger du Muy qui dispose aujourd'hui d'un cheptel de 500 brebis allaitantes et autant d'agneaux sait de quoi il parle. En quinze ans de", "présence a la «-Ferme des Pradineaux-», Il a apprécié la valeur de cette race qui fait la fierté des pâtres pyrénéens, depuis des lustres.", "Leurs ancêtres canidés combattaient loups et ours de ces contrées montagneuses. En changeant de région, les bêtes à la robe blanche", "parfois tachetée de noir et brun, n'ont rien perdu de leur atavisme.", 
"Henri Firn, pionnier du sylvopastoralisme varois, ne fait donc pas de compliments erronnés sur ses compagnons à quatre pattes. D'ailleurs", "quand vient la période de l'agnelage (mise bas), il scinde son troupeau sans crainte. Afin de suivre au mieux les mères et leurs", "nouveau-nés, il les répartit par lots, selon les semaines de naissance. A chaque groupe de ruminants, il affecte un chien. Les bêtes sont", "ainsi disséminées sur divers sites, parfois distants de plusieurs kilomètres.", 
"La nuit tombée, le berger quitte son cheptel, sans souci. Les \"Patous\" veillent sur les mères et leurs petits.", "Leur présence est si rassurante que le troupeau ne s'affole nullement quand, à la moindre alerte, les canidés fendent le groupe pour filer en", "direction d'un éventuel danger.", "Quand le berger passe les nuits de transhumance au coté de ses bêtes il sait, lui aussi, détecter au seul aboiement de ses fidèles", "compagnons si la présence repérée est anodine ou un avertissement à prendre au sérieux.", 
"Une complicité solide s'est établie, au fil des années, entre le maître et ses chiens qui «-travaillent d'instinct-»", "Un animal qui «connaît le métier»", "D'ailleurs, les chiots qui naissent sous les pins parasols de la maison forestière muyoïse sont à la bonne école. Non seulement, ils sont", "issus d'une lignée qui «connaît le métier» mais, en outre, ils sont placés en «classe de formation», une fois le sevrage accompli. Avec", "leurs parents, oncles et tantes, ils suivent les bêlantes théories et apprennent, tout en jouant comme les petits de leur âge, à rassembler", 
"les moutons, les guider dans leur progression sylvestre ou les protéger contre tout danger. «-Leur apprentissage dure de cinq mots à un an-» souligne Joëlle Firn. Cela dépend de la faculté de compréhension de chaque individu. «Ensuite, les petits sont séparés et vendus à des bergers qui utilisent de plus en plus leurs services pour protéger les troupeaux.» La réputation du \"Montagne des Pyrénées\" a, bien évidemment, franchi les limites varoises et les clients les plus nombreux sont les pastres du Mercantour qui ont découvert les qualités exceptionnelle de l'espèce. Surtout depuis que le loup a été réintroduit dans le massif cristallin des Alpes-Maritimes. ", 
"Les carnassiers", "rôdent, plusieurs nuits par mois, à la \"couchade\" (zone où sont rassemblées les bêtes pour le repos nocturne). Les professionnels de", "l'élevage apprécient alors l'efficacité de leurs chiens, qui réagissent bien avant qu'eux n'aient perçu le moindre indice suspect.", "Toujours un guetteur", "Il faut savoir que dans un grand troupeau où sont présents plusieurs \"Montagne des Pyrénées\", il en est toujours un qui veille pendant que", "les autres dorment.", "Quand l'alerte est donnée, la meute quitte le troupeau et fonce vers les intrus pour les éloigner. Une à deux fois, les loups affamés ont", 
"tenté l'affrontement. Ils ont perdu la bataille et quelques poils. Pas étonnant quand on sait, qu'au début du siècle, les pastouraux des", "Pyrénées dotaient leurs chiens de colliers hérissés de pointes d'acier pour combattre les ours.", "", "Ci-dessus: Les chiots sont éduqués à l'élevage pendant cinq mois à un an.", "Ci-contre; Des panneaux sont implantés à l'approche des bergeries et zones de pâturage pour prévenir les autres utilisateurs de la foret", "", "L'avis du vétérinaire", 
"Le \"Montagne des Pyrénées\" est un grand seigneur qui a besoin d'espace et d'indépendance. Au premier abord calme et doux c'est en fait", "un chien méfiant envers les inconnus.", "D'ailleurs, les panneaux apposés aux abords des bergeries et zones de pâturages mettent en garde les promeneurs qui seraient tentes", "d'approcher les bêtes pour les caresser ou simplement traverser l'espace Surtout ne pas courir si un chien s\"approche de vous. Bien", "qu'appartenant au groupe des molossoides, il ne mordra jamais de façon appuyée. Tout au plus il \"pincera\" celui qu'il considère comme", 
"dangereux vis à vis du troupeau. Une façon de prouver son intention de ne pas nuire est de s'accroupir pour prouver sa soumission", "temporaire.", "Son atavisme de gardien se réveille souvent à la tombée de la nuit.", "«Compagnon ancestral de montagnards farouches et épris de liberté, le \"Montagne des Pyrénées\" n'a jamais été parfaitement domestiqué.", "L'obéissance servile n'est pas son fort. Cet autonomiste-né ne se dresse pas. II s'éduque ! Il accomplit spontanément ce qu'il estime être", 
"son devoir», remarque le Dr Millemann.", "Un adulte d'une cinquantaine de kilos a besoin de 750 g de croquettes ou 500.g de viande rouge sur 1.250g d'aliments frais.", "", "")
-------------------------------------------"La génomique entre chiens et loups", "", "", "La domestication d'espèces sauvages, animales et végétales a constitué une étape majeure dans l'essor des civilisations humaines il y a plus de dix mille ans. Le chien fut probablement la première espèce animale domestiquée, à partir du loup gris. On présume que les hommes ont apprivoisé des louveteaux, les ont élevés et ont fait se reproduire entre eux certains adultes progressivement sélectionnés pour leur docilité, leur obéissance, leurs qualités de gardiens et de compagnons de chasse.", 
"", "La même pression de sélection, maintenue au fil des générations, a stabilisé et renforcé ces caractères comportementaux, et ainsi créé la forme domestiquée du loup gris, le chien. Ce type de sélection n'est possible que pour les caractères héritables (parce qu'ils sont déterminés par des gènes) et variables entre individus (parce que les gènes qui les déterminent existent en plusieurs variétés au sein des espèces). En sélectionnant des individus présentant des comportements particuliers, les hommes préhistoriques ont sélectionné sans le savoir des variétés génétiques particulières à l'origine de ces comportements.", 
"", "Ces variations génétiques sélectionnées il y a des milliers d'années sont aujourd'hui identifiables : la sélection, qu'elle soit naturelle ou guidée par la main de l'homme dans le cas de la domestication, laisse une marque, une empreinte, dans les génomes des espèces concernées. Grâce aux progrès de la génomique, il est désormais possible de déchiffrer entièrement le contenu des génomes et de localiser les gènes sur lesquels la sélection a laissé son empreinte au cours d'un processus évolutif.", 
"", "Une étude du groupe de K. Lindblad-Toh, publiée le 23 janvier sur le site de la revue Nature , illustre cette approche. En comparant les génomes du chien et du loup gris, les chercheurs ont identifié deux groupes de gènes qui ont fortement changé chez les chiens. Le premier groupe inclut des gènes impliqués, comme on pouvait s'y attendre, dans le développement du cerveau. L'étude de ces gènes permettra à l'avenir de mieux comprendre comment ils influent sur l'activité des neurones et l'évolution des comportements.", 
"", "De façon beaucoup plus surprenante, les gènes du deuxième groupe identifié par l'étude interviennent dans la digestion de l'amidon, ce sucre complexe abondant dans les céréales et les féculents. Cette découverte inattendue suggère un scénario inédit des premières étapes de la domestication du loup : attirés par les restes des repas des hommes, riches en amidon, les loups les plus à même de digérer ces ressources ont vu leur quête de nourriture facilitée en se rapprochant des humains. Les hommes ont nourri les loups les plus dociles, les ont apprivoisés, puis domestiqués.", 
"", "Au fil des générations, les individus anthropophiles qui ont été domestiqués sont ceux qui étaient le mieux adaptés, génétiquement parlant, à un régime riche en amidon.", "", "La domestication du chien apparaît donc étroitement associée à l'essor de l'agriculture puisque l'accès aux restes de nourriture humaine a fourni à certains loups une nouvelle niche écologique.", "", "En sélectionnant, de manière intentionnelle, des loups dociles, les hommes ont également sélectionné, mais de manière fortuite, les individus les plus à même de survivre dans une niche écologique riche en amidon."
)
-------------------------------------------"LES JEUX DU LANGAGE ET DU HASARD Loup, y es-tu.?", "", "", "Loup , y es-tu.?", "", "Quand on pense aux moyens dont dispose actuellement un professeur de français, dans un lycée ou un collège, et qu'on les compare à ceux qu'il possédait en 1945, après la guerre, -- cinquante ans déjà, mon Dieu.! -- on éprouve une sorte de commisération, sinon de jalousie rétrospective.", "", "Et cela n'empêche pas que nos adolescents manifestent, pour la plupart, de graves maladresses dans l'usage de leur langue. Il suffit d'écouter, pour s'en convaincre, les propos tenus par les jeunes quand un journaliste de la télévision les interroge. La plupart du temps, ce n'est qu'un bafouillis ponctué de «-bon bin-» ou de «-quoi.?-». Et je ne parle pas du langage écrit qui met souvent au désespoir les collègues de l'Université quand ils lisent des copies rédigées par des étudiants frais émoulus de leur baccalauréat.", 
"", "Mais laissons cela et louons plutôt les auteurs d'ouvrages voués à l'enseignement du français ou de revues, telle la «-Nouvelle revue pédagogique-» publiée chez Nathan, dont un fascicule vient de me parvenir. Il est daté de novembre 1995. Je ne suis donc pas en retard pour en parler.", "", "J'en parle d'autant plus volontiers que le thème de ce numéro, autour duquel gravitent tous les articles, de grammaire et de littérature, est-: «-Le loup , héros malgré lui-». C'est aux bergers du Mercantour que je dédie le présent article et aussi à tous ceux que préoccupent à la fois le destin d'une espèce menacée et la vie de tant d'innocentes brebis.", 
"", "La directrice de la rédaction de cette revue s'appelle Micheline Sommant, une linguiste dont le nom est familier aux fervents du championnat d'orthographe organisé par Bernard Pivot. C'est à elle que l'on doit les textes bourrés de pièges soumis aux candidats. Faut-il qu'elle sache le français pour en connaître tant d'invraisemblables difficultés.!", "", "", "La Lupa puis le lupus", "", "Et d'abord, d'où vient le mot «- loup -».?", "", "Du latin lupus évidemment. Mais il faut savoir qu'un dictionnaire étymologique du latin enregistre par ordre alphabétique deux mots différents-: lupa d'abord, qui signifiait «-prostituée-» et cela à cause de la lubricité dont faisait preuve l'animal, selon la croyance des Romains. Détail étonnant-: Messaline, au cœur de ses débauches, prenait elle-même le surnom, calqué sur le grec, de Lycisca, «-la chienne-louve-». Sur lupa ont été formés deux dérivés, le verbe lupari, «-se prostituer-» et le nom lupanar, «-lieu de débauche-».", 
"", "L'amusant, c'est que ce mot de lupa existait, avec son affreusesignification, avant que ne fût employé, formé sur lupus, le féminin lupa. Si bien que pour désigner la femelle du loup , on employa longtemps la locution lupus femina, en donnant à lupus le genre grammatical du féminin-: «-la loup femelle-».", "", "-", "", "Des loups dans la mer", "", "et sur la mer", "", "Le mâle, lui, n'a jamais été considéré comme particulièrement lubrique. Ce qui a frappé les Anciens c'était sa voracité. D'où le nom de lupus donné à un poisson que nous appelons encore «- loup -» et que nous dégustons sans penser à sa gloutonnerie, sans penser non plus à un «- loup de mer-», vieux marin à qui la longue habitude des coups de chien sur l'océan a donné l'allure bourrue et revêche d'un animal sauvage.", 
"", "En vérité, les locutions formées à partir du mot «- loup -» sont en nombre considérable. Micheline Sommant les enregistre presque toutes dans un exercice-questionnaire qui ne compte pas moins de cinquante entrées et où l'on trouve non seulement des expressions consacrées, de «- loupiot -» à «-loubard-», mais encore des proverbes et des allusions à des textes littéraires, telle la fameuse «-Mort du loup -» de Vigny.", "", "C'est qu'il y a beaucoup de littérature dans le fascicule que j'ai sous les yeux et des «-morceaux-» excellemment «-choisis-», empruntés à divers auteurs et commentés brillamment du point de vue grammatical. Mes compliments ne sont pas excessifs. Micheline Sommant accomplit là une œuvre salutaire pour tous les enseignants de français. Elle me fait penser, non pas elle, mais son travail, à ces ecclésiastiques du moyen âge qui composaient des recueils intitulés Quiete quiescas, remplis de sermons pour tous les dimanches de l'année. «-Repose-toi tranquillement-» disait le titre de l'ouvrage au curé de paroisse, ton sermon est fait. De même Micheline Sommant rassure ses collègues de français. Leurs cours de langue est tout préparé.", 
"", "-", "", "Deux anecdotes", "", "Suivant son exemple, -- jumeler grammaire et textes divertissants --, je voudrais signaler un fait de paléontologie animale qui m'a beaucoup frappé. Nos lointains ancêtres, les hominiens, étaient des nomades et des hordes de loups les suivaient, caputrant de temps en temps un vieillard attardé ou un enfant désobéissant. Les hominiens eurent l'idée de s'emparer à leur tour de jeunes loups , de les dresser et d'en faire, contre leurs congénères, des bêtes de garde qui devinrent autant de redoutables chiens- loups . Mais comme leur tempérament s'affadissait, ils les accouplèrent à des hyènes. Si bien qu'aujourd'hui, dans tout canidé, du loulou de Poméranie au bouledogue, il ya une hyène qui sommeille.", 
"", "En Moldavie, -- je tient l'anecdote de Mirces Eléade, pour qui c'était un souvenir d'enfance -- les paysans possédaient chacun une herghelie, un troupeau de chevaux, qu'ils laissaient vivre en liberté dans les champs, même l'hiver, en temps de neige. La nuit, quand elles entendaient hurler au loin des loups , les bêtes se rassemblaient, se tenaient museau contre museau et faisaient cercle. A tour de rôle, sans rien voir, elles dressaient leur train de derrière et décochaient, dans le vide, une violente ruade. Mais pas toujours dans le vide. Quand leur sabot rencontrait une tête de loup , l'agresseur tombait sur place. Et ainsi de suite, toute la nuit. Le matin, quand le paysan venait prendre des nouvelles de sa herghelie, il trouvait ses bêtes toujours en rond, tête contre tête, échangeant on ne sait quelles confidences.", 
"", "Tout autour, par terre, dans la neige, une couronne de loups , la gueule fracassée.", "", "Bel exemple de solidarité mais qui, hélas, n'est pas à la portée des petites brebis du Mercantour", "Guillermou Alain")